El Djezaïr et les criquets – Cabaret guerre d’Algérie au Hall de la Chanson
La guerre d’Algérie hante les consciences historiques des Français. Pensée comme un mal nécessaire pour certains, comme un gâchis par d’autres, c’est avant tout la lutte d’un peuple pour son indépendance, sa révolution.
Soixante ans après la fin du conflit, ce moment de notre histoire collective fait toujours l’objet de passions et de polémiques de part et d’autre de la Méditerranée.
Ce cabaret dévoile une quinzaine de chansons en français, en arabe et en berbère, créées pendant et après ce qu’on appelait les “événements” d’Algérie, et, pour la plupart, censurées.
Une nouvelle interprétation vous est proposée par une chanteuse et un chanteur, issus du Conservatoire national supérieur d’Art dramatique, accompagnés par deux instrumentistes de transmission orale, l’un à la mandole, l’autre à l’accordéon.
Ce spectacle permet de découvrir ou redécouvrir des œuvres censurées pour leur pacifisme et leur antimilitarisme, comme Le Déserteur de Boris Vian, interprété tout d’abord par Mouloudji à la fin de la guerre d’Indochine avant de devenir “l’hymne” des jeunes appelés en Algérie, ou encore Parachutiste (1971) de Maxime Le Forestier. Avec Effegh a ya jrad tamurt iw (Criquet, sors de ma terre !), le chanteur kabyle Slimane Azem dénonce en 1955 la colonisation de l’Algérie et compare les colons à des criquets dévastateurs de récolte (“Criquet, tu as mangé mon pays”).En 1957, Claude Vinci dénonce dans Celle que je n’aurais pas voulu faire le massacre d’un douar par l’armée française dont il a été témoin. Quant à Anne Sylvestre, à qui nous consacrons ce mois de mars, elle évoque dans Mon mari est parti (1961) les conséquences terribles de toutes les guerres sur les femmes de soldats, dont elles font des veuves. En 1962, El Hadj El Hanka, maître du chaâbi algérien, remercie Dieu pour l’indépendance de son pays dans El Hamdoulilah (“Merci mon dieu”). La guerre d’Algérie, c’est aussi l’exil des Pieds-Noirs et la douleur d’avoir quitté leur pays natal, si bien exprimée par Enrico Macias dans Adieu mon pays en 1962.
Dans L’Algérie (1977), Serge Lama chante sur son passé d’appelé avec ces mots : “L’Algérie, une aventure dont on ne voulait pas… Un jour, je raconterai l’histoire à mes petits enfants du voyage où notre seule gloire, c’était d’avoir 20 ans”. La manifestation des Algériens réprimée dans le sang à Paris le 17 octobre 1961 avait été racontée la même année par le poète-romancier Kateb Yacine (La gueule du loup que Les Têtes Raides reprendront) et, plus récemment, par le rappeur Médine (17 octobre).
Le dévoilement de ces chansons permet de saisir l’émotion, l’air d’un temps marqué par tant de blessures, et d’en comprendre les cicatrices.
[Source : communiqué de presse]
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